L’ACTUALITÉ DE VOTRE RÉGION
Innovation : l’intelligence artificielle pour aider à mesurer la douleur
Et si l’intelligence artificielle donnait un coup de main aux soignants, pour les aider à évaluer la douleur des patients? C’est l’idée d’une étude dont les résultats sont bluffants, ils ont été présentés lors d’une réunion du Comité régional de Lutte contre la Douleur (CLUD) à Saint-Raphaël. L‘intelligence artificielle serait, la plupart du temps, bien meilleure que l’Homme pour savoir si un autre Homme a mal.
Avec ce nouveau dispositif, pour détecter la douleur les soignants n’auraient besoin que d’un smartphone et d’une application capable de scanner le visage du patient. Denis Fontaine est professeur de neuro-chirurgie au CHU de Nice, c’est lui a mené l’étude.
» La situation qu’on a choisie, c’est celle des douleurs qui surviennent après une intervention chirurgicale. Donc on photographie les patients avant et après et on compare. On peut avoir soit des modifications du sourcil qu’on connaît, de l’expression de la lèvre, l’ouverture des yeux, mais ça peut être des choses beaucoup plus simples que l’ordinateur arrive à capter. Et quand on demande à des soignants ou des non-soignants d’estimer la douleur de quelqu’un à partir de l’expression du visage, tout le monde a tendance à sous-estimer par rapport à ce que le patient lui-même ressent. L’idée, c’est que l’ordinateur soit un peu plus objectif « .
Alors bien sûr, certains voient cette solution d’un très bon œil. Les médecins urgentistes par exemple, qui courent après le temps, comme Fabien Lemoel, à l’hôpital Pasteur de Nice. Il est aussi reponsable du SAMU.
» Dans une grande majorité des cas, l’auto évaluation du patient suffit. Mais en médecine d’Urgence, encore plus que d’autres contextes, il y a certains patients qui, peut-être, surcôtent leur douleur parce qu’ils ont un certain niveau d’anxiété ou un certain niveau d’attente ou un préjugé sur la durée de prise en charge aux Urgences. Donc si on a objectivement un score plus fiable que le l’autoévaluation pour dire effectivement que ce patient, il faut le traiter tout de suite parce qu »il a mal, ça peut aider« .
Il peut aussi y avoir un intérêt quand le patient ne peut tout simplement pas parler, ajoute le Docteur Virginie Piano, cheffe de service à l’hôpital de Draguignan, et organisatrice de cette rencontre du CLUD de Saint-Raphaël.
» Quand les personnes peuvent s’exprimer, on peut évaluer une douleur. La problématique, c’est quand la personne ne peut plus s’exprimer, parce qu’elle sort d’une opération par exemple, parce qu’on a des difficultés à pouvoir s’exprimer, parfois liées à l’âge des petits enfants ou au contraire des personnes très âgées ou d’autres personnes qui ne vont pas pouvoir communiquer. Et c’est vrai que l’intelligence artificielle va permettre d’aider particulièrement, sur ces populations, à évaluer la douleur« .
Sauf que pour l’instant, cette intelligence artificielle n’est fiable qu’à 80 ou 90%. Il faudrait dépasser les 90%, et ce sera peut-être le cas dans 5 ou 10 ans. Reste enfin la question du secret médical, puisque le système utilise des photos ou vidéos du patient. Et là, la Commission Nationale Informatique et Liberté aura elle aussi son mot à dire.
Jacques Thérence
Photo d’illustration Pixabay